Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Cafard-naum
23 juin 2010

"J'habite là où vous allez passer vos vacances."

"J'habite là où vous allez passer vos vacances." C'est le titre d'un groupe sur Facebook. Ca pourrait être le titre d'un bouquin aussi. Un bouquin. Je tape trois mots sur TextEdit, et ça y est, je me vois déjà auteur de bouquin, avec mon livre en tête des ventes de France et de Navarre. Et d'Espagne aussi tant qu'on y est. Puisque c'est ça, le sujet, à la base. L'Espagne. Barcelone plus précisément. J'y habite. Enfin, provisoirement. Car oui, toutes les bonnes choses ont une fin. Et cette fin là, elle est proche. Très proche même. La semaine prochaine. Et je peux vous dire un truc, moi, les fins, les départs, les adieux, tout ça, bin j'aime pas ça. Pas ça du tout même. Alors ça me rend toute chose, cette perspective. Un peu nostalgique du temps passé trop vite, un peu triste en avance de savoir que bientôt je serai la seule rescapée de cette folle aventure. Bin oui, parce que je suis une gourmande, moi, alors j'ai pris un peu de rab. Du coup tout le monde s'en va, mais je reste. Ca va être drôlement vide sans eux, cette grande ville.

Pour comprendre tout ça, il faut revenir quelques mois en arrière. A ce moment précis, je me sens comme Romain Duris, assis sur ses toilettes de train, à ne pas bien savoir où ça a commencé, tout ça. Bin oui, vous savez, l'Auberge Espagnole, Romain Duris, bueno, bueno, super bueno. Tout ça quoi. Erasmus. C'est comme ça qu'on appelle ça, dans le jargon local. Enfin local, c'est vite dit. Parce que le principe d'Erasmus, justement, c'est d'être international.

Bref, donc la question, c'est où ça commence, toute cette aventure ? Erasmus...

*Wikipedia mode : ON* Erasme, de son petit nom, est un humaniste et théologien néerlandais du XVIème siècle, et l'une des figures majeures de la Renaissance. La grande question qui se pose alors, c'est pourquoi on n'en a jamais entendu parler à l'école, et que la seule chose qu'on connaît de lui, c'est le programme Erasmus qui permet aux jeunes de prendre de 6 mois à un an de vacances sponsorisées par l'état (car oui, il faut l'avouer, c'est un peu ça, quand même, Erasmus…). Bon, comme je suis curieuse, et que ça fait pas du tout 6 mois que je me pose la question sans pour autant avoir le courage de chercher plus loin que le bout de mon nez, je vais enfin prendre le temps de parcourir sa fiche Wikipedia une bonne fois pour toutes. Ah, pas de bol, c'était un fils illégitime, d'un prêtre en plus. Ah bah bravo. Bien !! Et il est devenu prêtre lui même après ça. Il s'appelait Desiderius Erasmus. C'est sympa comme nom hein ? Bon bref, trève de bla bla, on s'en fout un peu de tout ça. Erasme et l'Europe. Voilà. Ca doit venir de là, que le programme d'échanges européens s'appelle Erasmus. Alors alors… Il a milité pour la Paix en Europe, alors qu'une discorde sanglante divisait les Anglais, les Espagnols, les Allemands et les Français. Il disait que "Le monde entier est notre partie à tous", et ne comprenait pas que les Européens se déchirent ainsi. Selon lui, la chrétienneté primait sur toute nationalité, et la religion aurait dû réunir les peuples au lieu de les diviser. Le pauvre. Il doit se retourner dans sa tombe, aujourd'hui, s'il apprenait que ce qui nous réunit tous, bien loin d'être la religion, c'est plutôt la boisson…
*Mode culture : OFF*

Voila, c'était pour la petite histoire des tous débuts débuts. Bien avant notre ère, bien avant tout le monde, vous moi, vos parents et arrière-grands-parents, Desiderius  - c'est mon pote maintenant que je connais toute sa vie, alors je l'appelle par son petit nom ! -  a été un précurseur en la matière en voyageant pour enrichir sa formation. Depuis, c'est devenu la dernière mode en la matière. Tout le monde part, à droite, à gauche, loin, loin, pas loin, mais quand même, de préférence très loin. De là à savoir quand ça a commencé, pour moi, difficile à dire. En section langues depuis la sixième, parce que papa-maman-l'ont-voulu plus qu'autre chose, j'ai toujours aimé parler (comment ça, vous n'aviez pas encore remarqué que je suis une grande bavarde ?!) et ma scolarité m'a donné l'occasion de découvrir l'Europe - et de sérieusement prendre goût aux voyages.

Et puis, bien sûr, comme j'aime pas faire tout comme tout le monde, je ne suis pas allée à la fac. Alors, Erasmus, ça semblait fortement compromis. "Oh, c'est possible, à condition de faire toutes les démarches par soi-même". Déjà que, à en croire l'Auberge Espagnole - ma bible, vous l'aurez compris -, quand on est à la fac, les démarches, c'est pas simple. Alors quand on y est même pas, j'imagine même pas l'enfer que ça doit être. Du coup, en grande flemmarde que je suis, j'avais plus ou moins abandonné l'idée. Mais bon, quand même au fond, ça ne m'a jamais quittée, cette envie de partir loin, et puis même que c'était en tête de ma "wish list des choses qu'il faut que je fasse un jour dans ma vie" : Etudier à l'étranger. Comme c'était pas possible, je suis partie quand même, en stage, parce que c'est toujours mieux que rien. Mais c'était totalement raté : ça m'a donné mille fois plus envie de repartir. Et puis de l'IUT, je suis passée en école privée. Et puis j'ai encore changé d'école. Surtout, il faut bien l'avouer, parce que dans l'autre, c'était marqué sur la plaquette. "L'ouverture sur l'international est un élément clé de la formation."

A partir de là, ça a été très simple. Une réunion d'information pour ceux qui veulent partir, une liste d'écoles avec qui les échanges sont déjà tout prévus, avec le nombre de place pour chaque école. Et vu qu'il y avait beaucoup plus de places que de personnes désirant partir, il n'y avait plus qu'à se décider sur la destination. Comme si elle n'était pas déjà choisie. Barcelone. Pourquoi ? Je sais pas vraiment, mais c'était ça, et surtout rien d'autre. Ensuite, il n'y avait plus qu'à rédiger une lettre de motiv' (comment ça, c'est pas marqué sur mon front que Barcelone est la ville de mes rêves et que je suis faite pour la place ??) et traduire mon book en espagnol (Bin oui, je suis une artiste moi, vous comprenez. On n'a pas de CV nous, on a des book, c'est tellement plus tendance…). Et puis attendre. Ca a été le pire, ça. Attendre, encore, toujours, pas de nouvelles, aucune nouvelle. Et puis se résigner. Se dire que si la réponse avait été positive, je l'aurais sû depuis longtemps déjà, alors c'est même pas la peine de demander confirmation à la direction. Jusqu'au jour où.

C'était un jour d'octobre, ou de novembre. C'était pendant les vacances de la Toussaint en tout cas. Un mail, en français en plus, d'une personne dont je n'avais jamais entendu parler, qui m'annonce qu'elle a le plaisir de m'informer que j'ai été acceptée. Qui que quoi mais oùùùù ? Et puis, ça finit par faire tilt. Comme quoi, tout vient à point à qui sait attendre. Je vais enfin partir. Pour de vrai. Pour six mois même. Enfin 4 plutôt, parce que les semestres sont courts, en fait. Trop courts. Peut importe, le 6 février, je prends mes petites valises - oui, bon d'accord, mes énoOormes valises ! -, et je me casse !

J'arrive sous un soleil de plomb, je me promène sur la plage entre deux visites d'appartements, et je trouve que cette ville est merveilleuse, encore plus que dans tous mes souvenirs réunis. Pour ce qui est des apparts, c'est un peu moins merveilleux, mais à force d'acharnement, et de l'aide précieuse de ma cousine adorée, je déniche la perle rare en moins d'une semaine. Ca y est, l'aventure peut commencer.

Cours, rencontre des autres Erasmus de l'école. Collocs, première soirée Erasmus. A partir de là, tout s'enchaîne, tout s'accélère. Et je peux vous dire un truc, c'est que la vie d'un Erasmus à Barcelone, ça n'a rien à voir avec ce que nous raconte Xavier dans l'Auberge Espagnole. Bien sûr, ce film est génial, jamais je ne vous dirai le contraire. Mais quand même. Il fait la fête deux fois en un an, ne s'est fait qu'une amie qui en plus parle français comme lui, n'allez pas me dire que ça fait franchement rêver…

Quelqu'un a dit "There are no strangers, just friends you have not met". Je ne sais pas qui, malheureusement, mais je trouve cette phrase très juste, et elle définit bien l'aventure Erasmus. Ma première soirée ici, je l'ai passé avec ma colloc et un ami à elle. Et un turc, trois italiennes, et quelques autres personnes dont je ne me souviens plus très bien. Parce que c'est comme ça que ça se passe. Chaque soirée est l'occasion de rencontrer de nouvelles personnes. Tout le monde se parle comme si on s'était toujours connu. Et puis, Erasmus, c'est comme une petite ville dans la ville. Toujours les mêmes personnes, et à force de fréquenter les mêmes endroits, les mêmes personnes, on finit par avoir l'impression de se connaître, sans même s'être jamais adressé la parole. Alors des fois, on se croise sur le chemin des toilettes - hey oui, triste réalité, la bière fait pisser, même les demoiselles très respectables, malheureusement… Surtout les jeunes demoiselles, d'ailleurs. Bref, donc sur le chemin des toilettes, dans un bar bondé - tous des Erasmus, bien entendu - on croise le regard de quelqu'un, et là on bloque, l'un comme l'autre. Gros doute. On se connaît, ou pas ? Je ne crois pas non. Et pourtant, c'est comme si on se connaissait. Ce n'est pas une technique de drague foireuse plus vieille que nos grands pères - quoi que… - mais c'est juste cette impression de déjà vu, déjà vu tellement de fois qu'on ne sait plus si on s'est déjà parlés ou non. Alors on se parle, puisque de toutes façons, même on si s'était jamais vus, on se serait sûrement parlés quand même.

Et puis on rencontre des gens, on les croise 5 minutes, à un pique nique ou une soirée sur la plage, on leur dit bonjour, on se présente tout en sachant très bien qu'on ne se souviendra pas de tous les prénoms le lendemain, et que probablement on ne se reverra jamais. Grossière erreur. Trois jours plus tard, on rate l'anniversaire de la personne en question - mais si, vous savez, celui qu'on a croisé 5 minutes au pique nique - et quand on le recroise, il nous dit que c'est teeeellement dommage qu'on ait raté ça, qu'il aurait bien aimé qu'on soit là. Euh oui, mais on se connait pas, tu sais, alors c'est pas si grave, que j'aie raté ta soirée d'anniversaire. Ah, apparemment si, c'est grave. La prochaine fois, promis, j'y serai, et toutes les fois suivantes d'ailleurs, parce que ça y est, on est amis, et on ne se quitte plus depuis.

Enfin on ne se quitte plus, c'est vite dit. Comme je le disais, le départ approche à grand pas. Mais en attendant, je crois que c'est comme ça, que tout a commencé. Quant à comment ça va se finir, je préfère ne pas y penser et continuer à profiter d'eux jusqu'aux derniers instants.

Publicité
Publicité
Commentaires
Cafard-naum
  • Des mots et des maux qui ont besoin d'être couchés sur du papier. Enfin sur un écran, parce que le papier, c'est tellement has-been. Enfin surtout parce que sur papier, personne peut me lire, et ça c'est pas drôle. Ceci dit, qui me lira ici ?!
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Publicité